Anciens rites druidiques de la Samain ou soirée moderne spéciale « freaks » de tout le folklore horrifique d’Halloween, culte chrétien de la Toussaint ou commémoration des fidèles défunts de la liturgie romaine, lieux agrémentés de légendaires citrouilles « Jack-o’-lantern » ou fleurs déposées sur les tombes de nos proches, le temps est à la célébration de la symbolique inhérente au cœur de l’Automne, au Scorpion zodiacal, au passage du visible à l’invisible, au rapprochement initiatique avec un Autre monde…
Sommaire :
À l’origine, une fête celtique : Samain
L’arrivée du christianisme et la Toussaint
De la tradition irlandaise à l’halloween américain
Halloween, fruit d’amalgame diabolisant ?
A l’origine, une fête celtique : Samain
Lors de la Samain, correspondant plus ou moins aux alentours de notre premier novembre, les Celtes célébraient la fin de l’été et le début de l’hiver, la fin d’une année de labeur, de récolte et le début d’une nouvelle année. Pour eux, c’était donc un temps de passage. D’une période lumineuse, chaude, claire, nous basculions inéluctablement dans une danse naturelle vers une période plus noire, sombre, froide. Symboliquement ou non, les rituels druidiques sacralisèrent alors de différentes façons ce passage de la « vie » à la « mort ».
Pendant cette transition, le temps n’appartenait ni à l’année qui se terminait ni à celle qui débutait. Elle n’appartenait ni aux vivants ni aux morts mais à ce temps spécial, « hors du temps », où deux mondes s’entrecroisaient ensemble. Un temps où la frontière entre les dimensions était dissoute et n’existait plus. Ainsi, les défunts revisitaient les lieux qu’ils avaient connu et les habitations éteignaient leur feu de la Samain précédente, les unes après les autres, afin de manifester le retour de l’obscurité et de la mort. Puis, à la veille du grand banquet de la nouvelle Samain, à la tombée de la nuit, les druides se rassemblaient, discrètement, solennellement et selon les dires de certaines légendes, dans une posture quasi-chamanique, mystérieuse, comme plongée et reliée à une réalité intangible, bien qu’étrangement perceptible dans les brumes de cette pleine lune si particulière de l’année. Les druides, silencieux mais affairés à leurs missions avec les puissances d’un autre monde, s’étaient surtout rejoints pour allumer un feu nouveau. Un feu sacré, un feu divin, un feu de la renaissance. Un feu à partir duquel nos druides allaient pouvoir éloigner les « mauvais esprits » et où chacun en prendrait les braises pour les replacer dans son propre âtre. De cette façon, nous étions ainsi nous-mêmes protégés de tous les malheurs du monde. Et si nous continuions à alimenter ce feu jusqu’à la prochaine Samain, nous l’étions également pour toute l’année.
S’il y a plus de 2500 ans, ce soir-là, les Celtes « divertissaient » les gnomes, les korrigans un peu trop malins et les fantômes malfaisants en organisant festivités et sacrifices afin de préserver les provisions de l’hiver à venir, ils se souvenaient aussi et surtout de leurs ancêtres décédés. Grâce à eux, les Celtes ne l’oubliaient pas, ils avaient hérité de valeurs, de possessions matérielles, de savoir-faire. Dès lors, ils souhaitaient les honorer et leur rendre grâce en les invitant dans leur foyer auprès leur tablée débordante d’hydromel. En accueillant nos morts à la maison, nous les reconnaissions et partagions avec eux les fruits d’une année d’effort et de travail. Depuis des temps reculés, à chaque Samain, nous pouvions renouer avec nos proches disparus. Mais nous pouvions aussi communier avec des forces plus souterraines, des forces secrètes et peut-être davantage en résonance avec des dimensions plus « élémentales » de notre monde.
Dans cette ambiance surnaturelle où les limites entre les mondes devenaient poreuses, où la nouvelle lueur sacrée des grands prêtres du village illuminait des visages rassurés et où la possibilité de pouvoir communiquer avec d’autres entités était propice, les Celtes n’hésitaient pas à s’adonner expressément à la magie et aux arts divinatoires. On dit même que les druidesses et les sorcières elles-mêmes transmettaient à leur communauté les enseignements de la grande déesse pour l’année à venir. Quoi qu’il en soit, avec des chants reliés aux cycles cosmiques, des potions concoctées dans des chaudrons mystiques et des oracles annonçant autour du grand feu les visions de Cernunnos, l’atmosphère baignait bien dans un autre temps…
Correspondances de la Samain avec le Scorpion :
la première, sans doute la plus simple à saisir, est que la Samain avait lieu au moment-même où le Soleil se situait zodiacalement dans le signe du Scorpion.
la deuxième correspondance est que l’archétype du Scorpion évoque également un lien avec la mort et plus particulièrement avec ce qui se passerait après celle-ci, ce qui nous emmène à voguer plus loin que les réalités terrestres et à explorer ce qu’on appelle « l’au-delà », « l’invisible », « les sphères occultes ». Le maître du Scorpion, Pluton, est lui-même l’empereur des royaumes souterrains. Pour ces raisons, le symbole du Scorpion a souvent été relié aux défunts, aux âmes damnées, aux morts-vivants ou aux esprits maléfiques ainsi que les personnages ayant un magnétisme et des facultés psychiques particulières pour « entrer en contact » avec ces entités-là. De là découle également les associations faites entre le Scorpion et certaines pratiques divinatoires ou « occultes », comme la sorcellerie par exemple.
la troisième correspondance est cette notion de rite de passage initiatique : la fonction symbolique du Scorpion est justement d’approfondir, d’accompagner, d’encadrer à cette si dure et cruelle plongée dans l’obscurité des processus douloureux du deuil. De tous les deuils. Il nous montre que les choses ont une fin. Et il nous aide à le voir en pleine lumière et à le traverser pleinement. Puis, dans le même temps, il nous apprend aussi qu’en mourant à certaines choses, nous pouvons en renaître à d’autres : le Scorpion est l’énergie qui nous permet de nous transformer et de passer d’un état à un autre en laissant nos différentes mues derrière nous. Lors de la Samain, les druides celtes ne faisaient pas autre chose que de le faire sur un plan collectif et spirituel.
la dernière correspondance est celle du partage, de l’héritage, du sacrifice. La maison VIII nous en parle plus amplement mais ceci étant dû à la symbolique inhérente du Scorpion qui touche, de près ou de loin, à tout ce qui a trait à la mort. Et dans tous les processus mortuaires, rien ne disparaît jamais vraiment, tout change seulement de forme : le compost et les cendres fertilisent les sols, la lave et les couches géologiques deviennent des montagnes, les résidus des dinosaures se décomposent durant des millions d’années et fournissent un fluide sur lequel se bâtit tout une civilisation,… De même pour nous, nos proches décédés nous lèguent des héritages, leurs âmes rejoignent peut-être d’autres dimensions, sous d’autres formes,… Et puis, quand nous nous transformons nous-même, quand nous évoluons, quand nous modifions nos comportements, nous héritons toujours un peu de quelque chose du passé bien qu’apparaissant sous un jour nouveau et de façon bien différente qu’auparavant. Signe de l’hémicycle « collectif », le Scorpion nous indique aussi que pour être dans le partage véritable avec autrui, il faut un peu « mourir à soi-même », « se dévoiler », « se dénuder », « se dépouiller de certaines facettes de nos égos ». De cette façon, il nous suggère que la « dépossession » nous aide en réalité à mutualiser ensemble nos forces. Les offrandes aux esprits et les réunions de la Samain signifiaient aussi peut-être cela.
Ainsi, dans un rapport transcendantal au monde, la Samain et le Scorpion nous raconte la même histoire. Une histoire où le temps n’est plus, où des mondes s’entrecroisent et ouvrent leurs portes, où la mort s’entremêle à la vie, où l’hiver va devenir menaçant, où les ténèbres s’installent et nous tourmentent, où nous avons besoin d’attiser le feu de la renaissance et du phénix pour ne pas succomber au déferlement de forces obscures, où nous pouvons nous relier à l’Invisible et apprendre de ses leçons, où nous avons l’occasion de faire honneur à nos défunts et de les comprendre, de les remercier pour leurs legs. Une histoire où finalement la chrysalide de nos peurs se mue toujours en papillon lumineux. Même de nuit…
L’arrivée du christianisme et la Toussaint
Après la conquête romaine de la Grande-Bretagne, la Rome antique influença ensuite les traditions celtiques, et notamment la Samain, en important sa fête de la moisson, célébrée également le 1er novembre, en l’honneur d’une ancienne déesse étrusque, Pomone, nymphe des fruits et des fleurs. Une nouvelle notion d’abondance apparaît alors encore davantage pendant cette période « mortuaire ».
Puis, plus tard, une fête catholique institua la commémoration de tous les martyrs, la Toussaint, afin de remplacer une autre fête romaine, celle de la Lemuria, qui consistait à conjurer les spectres maléfiques et autres revenants. A l’origine, cette fête de la Toussaint avait lieu le 13 mai. Toutefois, au IX siècle, le pape Grégoire IV décida d’étendre la Toussaint « à tous les saints » mais surtout de décaler sa date au 1er novembre. Vous vous en doutez, cette date ne fût pas instaurée par hasard. Face à la persistance des rites païens, celle-ci fût très probablement choisie pour christianiser la Samain et ainsi l’évincer des terres européennes. Dans le calendrier liturgique, le 31 octobre prit dès lors le nom de « all hallow’s eve » (Halloween) signifiant la veille de tous les saints, la veille de la Toussaint. En revanche, malgré la christianisation de cette fête celtique, les croyances selon lesquelles les âmes des morts reviennent à la veille de la Toussaint et qu’avant d’aller dormir, il faut leur laisser de la nourriture et une bûche allumée dans la cheminée pour se chauffer, est une trace de sa tenace survivance.
Par la suite, il fût décidé que la Toussaint soit suivie de la fameuse fête des morts, le 2 novembre, pour commémorer tous nos fidèles défunts. Souvent confondue avec la Toussaint, ce culte des morts reste néanmoins massivement célébré le 1er novembre. Ce jour-là, les tombes des cimetières sont ornées de chandelles, de bougies et de chrysanthèmes. Des ornements rappelant peut-être encore inconsciemment le feu des druides celtes (la bougie) et la Pomone romaine (chrysanthèmes)…
Correspondances de la Toussaint avec le Scorpion :
nous retrouvons ici surtout la correspondance avec la mort, bien qu’au départ, elle ne concernait que les martyrs et les saints avant de s’étendre à tous les morts. Comme avec la Samain, là aussi, on leur rend honneur. Par contre, nous constatons que le christianisme va de plus en plus « expurger » le côté sombre du « paganisme scorpion » en le diabolisant et en le symbolisant par des images tel qu’un purgatoire, un enfer et tout un tas de créatures démoniaques. Le Pluton romain, dieu des enfers, ne portera jamais si bien son nom ! Dans le même temps, l’Église va totalement conserver la facette rédemptrice du scorpion lumineux puisque le Jour des Morts fût établi afin justement que les prières des vivants modèrent les châtiments divins et soulagent la peine des morts. A la Toussaint, on demande grâce à Dieu pour que les morts expient leurs péchés plus rapidement et qu’Il délivre les âmes du purgatoire et les condamnés des tourments des flammes de l’enfer. Ainsi, si le symbolisme Scorpion évoque très souvent cette tortueuse « descente aux enfers » et de la rencontre avec tout un bestiaire diabolique (représentant également nos peurs, nos failles, nos blessures,…), le Scorpion émane aussi les valeurs de repentance, de « purification par le feu », de « remontée vers la lumière », de rédemption.
l’ancienne fête romaine de Pomone fait également un lien avec l’axe Taureau-Scorpion : en honorant la mort et nos morts avec gratitude, reconnaissance et bienveillance, nous pouvons créer de nouvelles cornes d’abondance. En priant pour nos défunts ainsi que pour ce qu’on doit laisser derrière soi (Scorpion), nous pouvons les délivrer de leurs peines et de nos peines (Taureau). De l’enterrement dans nos enfers (Scorpion), nous pouvons atteindre le paradis (Taureau). Du compost en décomposition (Scorpion) pousse les plus belles fleurs (Taureau). De nos cimetières émergent les chrysanthèmes. La symbolique est ainsi plus profonde que l’on ne pourrait le penser au premier abord….
Le rapport entre la fête de la Toussaint et le Scorpion se trouve alors sans doute dans cette prière faite pour que nos « scorpions infernaux » cheminent vers « le scorpion rédempteur ». Nous célébrons peut-être ce jour-là tous ceux qui y sont parvenus et qui ont, grâce à cela, atteint la sainteté.
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De la tradition irlandaise à l’Halloween américain
En 1846, une maladie de la pomme de terre et une famine poussèrent les irlandais à émigrer en nombre aux États-Unis. Dans cette migration, leurs contes et leurs légendes celtiques traversèrent également les mers puis prirent racines dans les campagnes américaines. Parmi ces vieux contes irlandais, un devint célèbre et évoqua subtilement les origines de la Samain ainsi que sa christianisation : Jack O’ Lantern.
Jack O’ Lantern
Jack, maréchal-ferrant, ivrogne, bourru et malhonnête, rusa à deux reprises le diable afin de ne point être emmené en enfer et profiter de vingt années de vie supplémentaires. Lors de sa deuxième ruse, Jack demanda même au diable de ne jamais prendre son âme ! Lorsque Jack mourût, il se présenta devant les portes du paradis mais son entrée lui fût naturellement refusée : devant les occasions de se repentir lorsqu’il rencontra par deux fois le diable, Jack continua malgré tout à perpétuer ses mauvais comportements. Il se présenta alors devant les portes de l’enfer mais conforme à sa promesse de jadis, le Diable lui refusa aussi son entrée. Seul, entre Ciel et Enfer, et condamné dans le noir et les ténèbres, Jack demandera une dernière faveur au diable en le convainquant de lui donner un charbon ardent tiré de la fournaise afin qu’il puisse s’éclairer dans son errance jusqu’au jugement dernier. Le diable lui accorda cette recommandation et Jack plaça ce charbon dans un navet évidé. Depuis, la légende raconte que « Jack à la lanterne » revient chaque année le jour de sa mort, le jour d’Hallowen, le jour où il y a une brèche entre les mondes. Et que lui-même fait fuir les fantômes et les esprits malfaisants…
Que ce soit pour se souvenir des morts perdus, que ce soit pour écarter les mauvais esprits ou encore que ce soit pour guider les âmes errantes, la coutume irlandaise symbolisa ce conte via des navets évidés en forme de visages effrayants contenant à l’intérieur une bougie. Mais avec leur arrivée aux États-Unis, les irlandais préféreront la fameuse citrouille au navet car plus répandue sur le territoire américain et plus facile à sculpter. Ici, le lien de Jack O’ Lantern avec la Samain semble évident : la lanterne rappelle les balises déposées pour guider les Celtes afin qu’ils puissent ramener leurs bêtes dans les étables à cette période de l’année, elle rappelle aussi le feu des druides à rapporter au foyer et le rapport avec l’entre deux mondes,… En tout cas, le symbole le plus populaire d’Halloween fût alors né. Et l’esprit farceur, fourbe et malicieux de Jack O’Lantern se propagea dans tous les pays anglo-saxons !
Correspondances de Jack O’ Lantern avec le Scorpion :
on retrouve dans ce conte irlandais toute l’ambiance « scorpionne » déjà aperçue soit dans la Samain, soit dans le christianisme : la rencontre avec le diable, l’errance dans les ténèbres avec un charbon de l’enfer, la lanterne de feu, la justice implacable autant du Diable que de St Pierre,… Et puis, malgré une facette « gémeaux » très marquée chez Jack de par ses ruses faites au diable, celui-ci reste piégé dans les bas-fonds de ses comportements « scorpion » : l’ivrognerie, la violence et la passion dévorante. A la suite de cela, par volonté de pouvoir sur le monde, le refus de mourir et l’entêtement à ne pas vouloir changer ses attitudes et les occasions de se repentir, il est coincé entre l’enfer et le paradis. Nous observons donc ici en réalité l’énergie « scorpion » lorsqu’elle est bloquée : la perdition dans les ténèbres. Moralité possible de cette histoire, toute scorpionne en soi : si nous laissons libre cours à nos « pires travers » sans saisir les opportunités que nous offre la vie pour y remédier, nous errerons très longtemps dans nos propres ténèbres accompagnés de la flamme de nos vices ! Et les citrouilles allumées d’Halloween nous rappellent peut-être en réalité cela !
notons également que l’accointance de Jack avec les Gémeaux est éventuellement encore plus prégnante qu’on ne le pense : Mercure, le régent des Gémeaux, a également pour fonction d’accompagner les âmes des défunts aux portes du royaume de Pluton, les Enfers. Bon, sauf qu’ici, Jack O’ Lantern est une sorte de Mercure « noir » scorpionnisé, tournant en rond sur sa passerelle ténébreuse et faisant plutôt fuir les âmes que de les amener au Diable !
« Trick or treat ! » et costumes de la peur
A la tombée de nuit, le 31 octobre, l’un des événements majeurs d’Halloween est l’emblématique quête de bonbons où les enfants déguisés en toutes sortes de monstres terrifiants, du vampire Dracula à la momie bizarre, toquent aux maisons des adultes en criant « trick or treat ! », « farce ou friandise ! » ou « bonbon ou sort ! » en français. Bien sûr, cette tradition existait déjà au Royaume-unis, en Irlande et en Écosse. Les enfants et les pauvres allaient dans les quartiers bourgeois pour quémander de la nourriture, souvent des soul cake, « les gâteaux de l’âme », contre des chants et des prières. Si les personnes sollicitées ne donnaient rien, c’était souvent la « fête aux bourgeois » ! Mais en réalité, les Gaulois ont pratiqué bien avant eux cette coutume celtique.
Ce « trick or treat ! » est encore très probablement une autre réminiscence symbolique de la Samain. Souvenez-vous : les Celtes laissaient leur maison ouverte avec un beau festin sur la table pour contenter les « mauvais esprits » afin qu’ils s’en aillent, ne saccagent pas les récoltes et, de surcroît, pour éviter d’être maudit pour tout le reste de l’année ! Depuis les Gaulois, se costumer et frapper à la porte des habitants est certainement une façon de symboliser « les mauvais esprits » venant dans les foyers afin de demander à être « rassasié » bien qu’au prix d’une malédiction en cas de refus ! Aujourd’hui, les maisons américaines décorées de citrouilles grimaçantes, de toiles d’araignée et de morts-vivants qui pendouillent sur les toits, est une manière d’accueillir nos bambins s’amusant à jouer ces « mauvais petits esprits ».
Toutefois, il existe également une autre version des origines lointaines du « trick or treat ! ». Toujours lors de la Samain, il semblerait que les prêtres druidiques passaient de maison en maison pour apporter le nouveau feu sacré assurant la protection du foyer mais en échange d’offrandes, voire de sacrifices, pour leur dieu. Là aussi, en cas de refus, ils jetaient des sorts ! Il se dit même que, globalement, la fête de la Samain était obligatoire pour les Celtes et que la transgression de celle-ci valait la peine de mort ! Rien que ça !
Heureusement, nous sommes moins radicaux aujourd’hui. Quoique, certains prennent les choses à cœur… Il y a souvent des rumeurs des plus angoissantes, surtout aux États-Unis, comme quoi les friandises données justement lors du « trick or treat !» contiendraient par exemple du poison ou des lames de rasoir. Parfois, les gens donneraient tout simplement… des bonbons au cannabis ! Si la plupart de ces rumeurs sont de vrais canulars, parfois même imaginés par nos enfants, cela contribue malgré tout à amplifier une ambiance halloweenesque vraiment terrifiante ! Pourtant, aux alentours du 31 octobre, « des mauvais esprits », cette fois-ci bien humains, n’hésitent pas à aller jusqu’au bout de leur rôle provocateur : clowns agressant physiquement des passants dans la rue, vandalisme en tout genre ou encore incendie de voiture. Pour l’Hallowen 2018, il y eût même un « appel à la purge » contre les policiers, un concept repris du film américain éponyme « La purge » où une fois par an tous les crimes sont légalement permis. Le « trick or treat ! » moderne peut donc redevenir quelquefois vraiment dangereux !
Correspondances du « trick or treat ! » avec le Scorpion :
le Scorpion partage avec le « trick or treat !» des origines, le côté sentencieux du signe avec tout le cortège de malédictions, de « punition divine », de condamnation à mort, de chantages mortelles,… Il est vrai que le symbolisme du Scorpion renvoie également à quelque chose de très tranchée, radicale, extrêmement polarisée. Le signe est entier, passionné, va jusqu’au bout des choses et ne le fait pas forcément dans la délicatesse. Le Scorpion adore ou déteste. Avec lui, on se blesse les paumes de la main, on y mélange son sang à l’autre et on se susurre à l’oreille, intensément, que « c’est à la vie, à la mort ! ». Et quand on est de son côté, il est généreux… à en mourir ! La preuve, pour une offrande, les druides nous protégeaient toute l’année contre les mauvais augures !
toutefois depuis que Jack O’ Lantern s’est véritablement imposé à Halloween, on ne peut que constater que son aura roublarde s’est diluée à tout vent dans les composantes de la fête : l’ambiance scorpionne d’Halloween s’est vite vue parcourue par l’air frais des Gémeaux. Le « trick or treat !» est devenu un jeu amusant pour les enfants, les malédictions sont devenues de simples farces, on joue à se faire peur,… Le décorum reste donc à 100 % scorpion mais « l’animation » de ce décorum à basculer petit à petit vers quelque chose de plus léger, de plus superficiel, de plus « gémeaux ». De cette façon, peut-être arrivons-nous à mieux exprimer et exorciser nos démons. L’humour (gémeaux) peut servir, dans bien des cas, à dédramatiser ce que nous prenons parfois trop au sérieux (scorpion).
le scorpion est également un révélateur de tensions cachées et lorsqu’il les montre, il peut le faire avec une virulence à faire pâlir Hadès en personne. L’archétype est en relation avec des forces très puissantes, très profondes, très primales, très sauvages. Mal canalisée, la version sombre du signe peut dès lors amener à la transgression des interdits, à la violence gratuite, aux dépassements de toutes les limites, à la provocation dérangeante et, parfois, de très mauvais goût. On le voit très bien avec les déviances du « trick or treat !» actuel. Au moment d’Halloween, pour certains, l’aspect « gémeaux » rigolo évoqué plus haut redevient pour le coup très scorpion : les clowns se transforment en Joker foutant le boxon dans les villes, les rumeurs deviennent glauques et mettent mal à l’aise, les blagues tournent aux situations malsaines,… Bien sûr, cela est peut-être aussi une façon de focaliser l’attention sur les problématiques complexes de nos sociétés modernes d’ordre typiquement « scorpion » comme la délinquance, le mal-être social ou le trafic de drogue par exemple.
Le merchandising de l’horreur
Une fois l’importation de la tradition celtique via l’émigration irlandaise bien implantée, toute la machinerie du capitalisme américain a évidemment pris le relais en déformant un peu ses origines et en imposant au reste du monde une fête devenue de plus en plus monstrueusement commerciale ! Même s’il y a encore quelques restes de l’ancienne Samain comme nous venons de la voir, Halloween en a perdu, si je puis dire, l’aspect « spirituel », pour se transformer en une « hoolywoodienne » foire de la peur. C’est que le marché du sombre, du mystérieux, du morbide, du mysticisme noir, de l’effrayant, en bref de l’horreur, ça remplit bien les caisses de l’Oncle Sam !
Ceci étant dit, nos artistes contemporains ont pu ainsi avoir le loisir de générer un imaginaire horrifique extrêmement fertile pour symboliser nos monstres sociétaux, nos peurs personnelles, nos tourments collectifs et nos cauchemars enfouis au plus profond de nous. Avec plus d’un siècle de films de sorcières et de zombies, de chauve-souris en plastique et de gâteaux en forme de tête de mort, ça commence à en faire du beau monde pour le super-bal hanté de l’année. Car oui, Halloween est dorénavant bel et bien l’incarnation de ce melting-pot pop-culturel de l’épouvante !
Correspondances d’Halloween avec le Scorpion :
traditionnellement, le Scorpion symbolise le lieu de tous nos refoulements, de tous les non-dits, de toutes nos terreurs, là où on met sous le tapis nos angoisses, là où on cache nos peurs primales, là où se trouve nos démons les plus menaçants. Mais ce n’est pas parce qu’ils sont bien planqués dans nos tréfonds intérieurs qu’ils ne sont pas agissant malgré nous. En revanche, le Scorpion nous indique aussi qu’il est lui-même le plus apte à parcourir ses « égouts » et à déterrer ses vieux monstres. Le lien entre le Scorpion et Halloween apparaît ainsi comme une évidence puisque c’est le moment de l’année où nous fêtons la sortie de tous ces monstres afin probablement de mieux nous en libérer ! Finalement, nous pouvons le voir comme une sorte d’exorcisme collectif !
l’autre correspondance est bien sûr celle de la finance. Le Scorpion, Pluton, la Maison VIII se voient généralement attribué des affiliations avec le capitalisme, les investissements, le système bancaire, les assurances, en bref, les histoires de très gros sous. Pluton se disait aussi « le Riche ». L’arcane du Tarot de Marseille, le Diable, qui lui est souvent naturellement associé, est d’ailleurs en correspondance avec l’argent. Ici, tout se rejoint et nous pourrions dénommer, avec une pointe de cynisme scorpion de circonstance, qu’Halloween, c’est « le Wall Street de la peur » !
enfin, l’imagerie horrifique d’Halloween est particulièrement développée, cela va sans dire et pas qu’en cette période. L’analogie avec notre animal zodiacal est ainsi toute trouvée puisque l’on dit que le Scorpion à une imagination très prolixe. Pas de doute, en la matière, il l’est même magistralement !
Halloween, fruit d’amalgame diabolisant ?
Dans cette atmosphère permanente de frayeur, les personnes à tendance religieuse considèrent parfois qu’Halloween n’est pas qu’un gigantesque divertissement inoffensif bon pour simplement amuser enfants et adultes à se faire peur mais bien la manifestation concrète d’un retour à un paganisme moderne où, à ce moment de l’année en particulier, le diable en personne serait invité à montrer sa puissance. Pour eux, chaque 31 octobre, Halloween ne serait qu’un « masque détourné » et un massif rituel pour séduire et tenter de plus en plus de jeunes à adorer le mal, la mort et le diable. Halloween ne serait alors qu’une vaste campagne de cooptation des esprits vers un satanisme devenu, grâce à cette fête, plus accessible, plus « fun » et plus « sexy ». Évidemment, les différentes loges de Satan et certains groupes occultes ne démentent pas ces dires et, au contraire, en profitent pour récupérer de nouveaux adeptes et démultiplier leur réputation : officiellement, leur discours est bien que le 31 octobre est leur fête la plus importante de l’année, leur nouvel an à eux et le moment où ils rendent gloire à leur idole démoniaque.
De là découle peut-être une croyance, réelle ou non, que derrière un Halloween édulcoré au candy corn se cache en réalité une période intense de vraies pratiques de magie noire comme la sorcellerie, la profanation de lieux sacrés ou des sacrifices humains ! Toutefois, vigilance, car souvenons-nous que l’Église Chrétienne a combattu pendant des éons les coutumes païennes, sous toutes ses formes, et qu’elle a eu fortement tendance à diaboliser tout ce qui ne rentrait pas dans son dogme chrétien. Indirectement, certains religieux en font peut-être plus ou moins de même aujourd’hui avec Halloween.
D’ailleurs, et depuis des lustres, l’Église n’a pas hésité (et elle n’est pas la seule) à le faire envers toutes les disciplines ésotériques, y compris l’astrologie, le tarot, l’alchimie ou encore la radiesthésie. Mais peut-être a-t-elle eu raison de faire office de garde-fou car certaines pratiques dites « occultes » peuvent malgré tout s’avérer très dangereuses. Manier des « forces » qui nous dépassent, entrer en contact avec d’autres mondes, invoquer des entités ou se relier à certaines énergies, n’est pas anodin. Tout ceci n’est pas un « jeu ». Entre des mains malintentionnées, inexpérimentées, « fragiles », cela peut effectivement parfois faire des ravages. Néanmoins, de la sorte, l’Église a contribué à ce que le druidisme (avec la Samain), le satanisme et les pratiques ésotériques en général, soient mélangés et mis dans le même panier ! D’où une grande confusion dans les esprits concernant tous ces domaines, certainement entretenu par Halloween lui-même. Ainsi, qu’il existe réellement des dérives satanistes graves ou non, le fait que ce soir-là on tire une carte d’un Oracle, que l’on allume une bougie dans une citrouille ou que l’on rende grâce à ses défunts par de belles prières, ce n’est pas forcément synonyme de communion avec Belzébuth !
Correspondances de l’Halloween « noir » avec le Scorpion :
très tôt, de par ses affinités avec l’occultisme en général, les initiations secrètes, sa propension à côtoyer les profondeurs de l’âme humaine, sa recherche de vérités cachées, sa facilité inconsciente à se relier à l’invisible ou à des forces dites « sombres », le Scorpion a lui aussi été globalement diabolisé. Et non avec le dos de la cuillère car pendant très longtemps, il a été considéré comme la pire bestiole du zodiaque ! En astrologie, très souvent, il se récupérait les pires défauts de la galaxie : corrupteur, assassin, pervers sexuel, magicien noir, démoniaque, junkie, suicidaire, empoisonneur, j’en passe et des meilleurs. Heureusement, à notre époque, les choses ont évolué, on a enfin trouvé de belles vertus au Scorpion bien qu’il se traîne encore parfois une réputation des plus sulfureuses !
néanmoins, comme avec Halloween et d’une certaine manière le satanisme, aujourd’hui « le côté obscur » du Scorpion est devenu séduisant, attractif et même le moyen d’être « hyper badass’ ». Même si la connotation est empreinte de moralité, ce que l’on sous-entend par le « mal » est devenu pour beaucoup synonyme de puissance et quelquefois le moyen d’accès le plus facile vers la réussite. Nous avons d’ailleurs souvent entendu la maxime scorpion « que la fin justifie les moyens ». En ce sens, dorénavant, il peut y avoir une forme extrême « d’inversion des valeurs ». A moins qu’il y ait à notre époque décomplexée tout simplement moins de tabous qu’auparavant. Toutefois, les tabous levés, c’est peut-être une bonne chose pour notre évolution mais la possibilité à ce qu’il n’y ait plus du tout de garde-fous moraux pourrait s’avérer tout aussi dangereux. Si le Scorpion nous révèle qu’il est aussi un gardien du seuil qui crypte les arcanes ésotériques de l’univers tout en étant le symbole du secret, des initiations et des mystères indéchiffrables, ce n’est pas pour rien… Tant que nous ne sommes pas prêt, il vaut mieux qu’un dragon garde l’entrée de la grotte. Car ce qui s’y trouve à l’intérieur pourrait nous aveugler et nous faire sombrer dans des spirales infernales…
En conclusion
Quelle que soit sa forme au cours des siècles, nous retrouvons ainsi toujours cette texture scorpionne si particulière aux alentours du mystérieux 3i octobre. Le scorpion tribal, pur, sauvage, mystique, relié aux souches profondes de l’archétype avec la Samain. Le scorpion christique et diabolique avec la Toussaint. Ou encore le Scorpion mercantile avec l’Halloween des mass-média. Ainsi, depuis les origines lointaines de nos fêtes sacrées celtiques aux hologrammes de « Jack O’ Lantern » frissonnants, nous explorons à chaque saison, de millénaire en millénaire, les différentes facettes du Scorpion bien que le fil conducteur et la trame symbolique de celui-ci reste toujours le même à travers les âges.
Sur ces mots, je vous laisse méditer car l’appel plutonien, à peine voilé, vient de tinter ma clochette secrète…
Cling, Cling, Cling…. !
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Guillaume Cosnier – Tous droits réservés sur le texte.